Monuments et lieux saints a Marrakech
De la place Jemaâ El Fna aux différentes mosquées de la médina, en passant par les zaouias des 7 saints, Marrakech vous invite à vous immerger dans l’intimité de lieux chargés de spiritualité et de ferveur populaire…
Marrakech : cité historique
L’Histoire est écrite sur chaque mur de Marrakech. De sa médina protégée par ses immenses remparts aux quartiers plus récents, l’architecture de Marrakech intègre les évolutions propres à chaque époque pour former un tout indissociable, cohérent et harmonieux. Toutes les dynasties ayant régné sur le Maroc ont apporté, chacune à leur manière, leur pierre à l’édifice…
La Koutoubia
Symbole de Marrakech au même titre que la Ménara, la Koutoubia se situe au nord du boulevard Mohammed V, non loin du consulat de France. Tirant son nom du souk des libraires, aujourd’hui disparu, elle fut commencée au Xlle siècle sous la dynastie Almoravides. Yacoub El Mansour, de la dynastie suivante, en poursuivit la construction. Érigée en pierre de taille, l’architecture de la mosquée respecte celle des grands ouvrages islamiques, à l’instar de la mosquée de Kairouan (IXe siècle). En forme de T, elle comprend une immense cour carrée de 218 mètres, et est entourée d’un portique, d’une salle de prière à colonnes de 90 x 60 m, formant 17 nefs et portant ainsi la capacité d’accueil globale à 20 000 personnes. Une rampe permet d’accéder à des salles couvertes de coupoles ainsi qu’à son sommet. Quant à son minaret culminant à 77 mètres, ses façades supérieures sont recouvertes de céramique verte et blanche. Ce gigantisme, au style à la fois sobre et sublime, plaça rapidement la Koutoubia parmi l’une des plus célèbres mosquées du monde musulman.Aujourd’hui, son minbar, réalisé à Cordoue, est un chef-d’oeuvre de l’art islamique. Il est visible au palais Badiâ. Entrée réservée aux musulmans. À 500 m au sud-ouest de la place Jemaâ El Fna.
Les Tombeaux Saadiens
Rares vestiges de la dynastie saâdienne – 1524/1659 -, les tombeaux se situent près de la mosquée de la Kasbah. Érigée par Moulay Abdellah sur la tombe de son père Mohamed Cheikh mort en 1557, la nécropole fut agrandie et embellie sous le règne d’Ahmed El Mansour. Murée sous l’ordre du sultan Moulay Isma’il pour effacer la moindre trace de cette dynastie, la nécropole fut découverte et mise au jour en 1917. L’édifice abrite deux mausolées distincts. Le premier comprend la Salle du Mihrab aux 12 colonnes – ici se trouvent la tombe du sultan fils Ahmed El Mansour et celles de trois de ses successeurs – et la Salle aux trois niches. Le second, appelé koubba, abrite le corps de Lalla Masâouda, mère de Moulay Ahmed El Mansour. Les sépultures, façonnées en marbre de Carrare, les plafonds en cèdre et les stucs d’une grande finesse magnifient ce lieu d’une rare splendeur. La nécropole royale com p rend éga lement un jardin où palmiers, roses et bougainvilliers abondent harmonieusement près des tombes des soldats et des serviteurs de la famille royale. Entrée : 10 Dh. Ouvert tous les jours de 9 h à 12 h et de 14 h 30 à 18 h. Quartier de la Kasbah.
La Médersa ben Youssef
École coranique fondée par le sultan mérinide Abu Al-Hassan, son architecture actuelle, d’inspiration arabo-andalouse – que l’on retrouve dans les ouvertures de certaines chambres dans les rues de la médina -, date quant à elle de la période saadienne. Pendant quatre siècles, la Médersa rayonna sur les esprits en quête de savoir spirituel. Plus vaste école coranique de tout le Maghreb, elle pouvait accueillir en continu près de 900 étudiants répartis dans les 132 chambres que compte le bâtiment. Empreint de quiétude et de beauté, ce lieu intemporel, si propice à la méditation, traverse les âges sans que le désordre apparent du monde extérieur ne puisse les atteindre. Cette impression est renforcée par les règles géométriques strictes observées dans l’architecture d’ensemble. Car ici, bois de cèdre, stucs travaillés avec une grande finesse, salle de prière constituée de trois nefs délimitées par des piliers de marbre – dont l’une d’entre elles donne sur une petite salle en demi-cercle -, arcs polybolés aux façades ciselées, mirhab décoré d’une dentelle de plâtre sculpté sont autant d’éléments architecturaux et décoratifs chers aux arts islamiques qui considèrent la géométrie comme la manifestation de Dieu. Entrée : 10 Dh. Ouvert tous les jours de 9 h à 18 h. Au centre de la médina. Tél. 05 24 39 09 11
Koubba Ba’adiyn Situé au centre de la médina, à proximité du Musée de Marrakech, ce monument, érigé dans les années 1120-1130, est l’unique vestige desAlmoravides,fondateu rs de la ville. De forme carrée, d’où Koubba Ba’adiyn son nom arabe « koubba », qui signifie cube, cette tour, découverte en 1950, culmine à 77 mètres. Bassin aux ablutions d’une mosquée almoravide aujourd’hui disparue, la coupole qui la recouvre est une pure merveille. Riche en ornements floraux, la diversité des arcs (abrisés, outre-passés, en ogives) qui ornent les murs intérieurs de la tour renforcent le caractère généreux de l’architecture almoravide. Interdit aux visites. Au centre de la médina
Une ville tombeau des saints
Comme dans toutes les villes marocaines, les mosquées, interdites aux non musulmans – en dehors de la grande mosquée Hassan II de Casablanca -, sont les plus beaux fleurons de l’art et de la tradition architecturale arabo-andalouse. Nous avons donc choisi de n’évoquer que la mosquée El Mouassine ou Al-Achraf, dont une partie est visible de l’éxtérieur du complexe où elle se situe.
Mosquée El Mouassine ou Al-Achraf
Partie intégrante du complexe « Mouassine », qui comprend une bibliothèque, un hammam, une médersa et une fontaine, la mosquée El Mouassine, connue également sous le nom de mosquée Al-Achraf, fut érigée au Xlle siècle par les Almohades. Mais son plus grand intérêt demeure dans sa fontaine publique construite sur ordre du sultan saadien Abdallah el-Ghalib. De forme rectangulaire, elle mesure 18,10 m de longueur sur 4,70 m de largeur, dimensions qui en font la plus grande de Marrakech. Située au nord de la salle d’ablutions de la mosquée, elle compte trois grands abreuvoirs, ouverts sur la rue par trois arcades, et que juchent des voûtes. Entrée réservée aux musulmans mais il est possible de contempler l’ouvrage de l’extérieur. Rue Fehl Chidmi — Quartier Mouassines.
Depuis 2005, sept tours massives, en pierres sèches à base carrée, et surmontées d’un olivier, se dressent fièrement, en ordre bien rangé, dans un alignement parfait, face à Bab Doukkala. Érigées en l’honneur des sept patrons de la ville, elles rappellent également aux chalands que Marrakech est aussi la ville des saints. En effet, ici, comme danstoutes les régions du Maroc, contrairement à l’esprit de l’Islam qui insiste sur le fait que seul Dieu est digne de louanges et le Seul à pouvoir exaucer les voeux, de nombreux Marocains invoquent des défunts qualifiés de saints afin d’obtenir l’allègement de leurs souffrances corporelles ou spirituelles, le retour d’un être cher, la richesse, un mari ou une épouse, une descendance… C’est ainsi que l’on trouve en ville, dans les campagnes, et parfois même dans les coins les plus réculés du pays, de nombreux mausolées qui rendent hommage à ces saints. Bon nombre d’entre eux sont fêtés une fois l’an, à l’occasion de fêtes appelées moussems. Rien d’étonnant alors à ce que Marrakech, ville spirituelle, abrite également ces défuntes personnalités atypiques en son sein. À l’intérieur comme à l’extérieur de ses remparts donc, de nombreux mausolées ont été bâtis dans les cimetières, non loin des mosquées ou dans les quartiers d’artisans. Deux d’entre eux sont particulièrement connus et font référence à la légende de sept hommes protecteurs de la ville : la zaouia de Sidi Bel Abbès, et une longue ruelle portant le nom de derb Sebâtou Rijal (ruelle des Sept Hommes), située dans le quartier des tanneurs, à l’est de la ville. D’ailleurs, il existe une expression, aujourd’hui désuète : « je vais à Sebâtou Rijal » qui signifie «je vais à Marrakech ».
Zaouia de Sidi Bel Abbès Sebti
« Au nom du saint patron de Marrakech, Celui qui veille sur la ville Immuable Un pied sur l’autre Et qui ne retrouve sa quiétude que si tout le monde est rassasié Enfant du pays ou visiteur étranger. »* Telle est l’évocation traditionnel-lement déclamée sur la place Jemaâ El Fna avant de procéder au rituel de la halqa (cercle à l’intérieur duquel se déploie la parole du conteur), pour rendre hommage à l’un des sept saints protecteurs de la ville : Sidi Bel Abbès Sebti. Entièrement dévoué à l’Islam, cet homme naquit à Sebta en 1130. À 20 ans, il s’installa aux portes de Marrakech, sans y pénétrer pendant 40 ans. Ce n’est que sur l’invitation de Yacoub El Mansour qu’il y vint enseigner et prêcher. Il mourut en 1205. Emblème des démunis qu’il défendait avec vigueur, il est contemporain d’Averroès, qu’il connaissait. C’est le saint le plus vénéré de la ville. Les marchands de beignets lui dédient le premier fruit de leurtravail -évocation nommée Al Abbassia -, les paysans leur première gerbe de blé, et les femmes en couche en appellent à son secours. Son mausolée, dont le porche est haut de 10 m et orné de rosaces de céramique et de poutres sculptées, fut érigé en 1605 par le sultan saadien Abou Faris et rénové en 1998 par Hassan II. Sa fontaine est l’une des plus belles de Marrakech. Ciselée de frises de pierre, elle porte des inscriptions calligraphiées qui courent tout le long de l’auvent. Sa niche, placée sous un arc brisé aux stalactites de stuc, est ornée d’une superbe grille en ferronnerie aux entrelacs multicolores. Jouxtant le mausolée, la cour de la mosquée où se rassemblent chaque soir, notamment le mercredi, des pauvres et des mendiants qui se partagent les offrandes déposées dans la journée à leur attention. Pour vous y rendre, passez par Bab Taghzout et empruntez le souk El-Mjadlia. Interdite aux non musulmans. La zaouia de Sidi Bel Abbès Sebti fait partie intégrante du pèlerinage des Sept Saints institué par Moulay Ismaël et dont l’organisation revint à El Hassan El Youssi (1630-1691), grand savant et fin connaisseur du Maroc de l’époque. C’est à lui que l’on doit le choix de ces sept hommes, dont l’unique trait commun était d’être inhumés à Marrakech, mais aussi l’itinéraire suivi à travers les rues de la médina. À l’instar de la circumambulation autour de la Kaaba à La Mecque, le pèlerinage se fait suivant un parcours circulaire, à proximité des différentes portes de la cité, sur les lieux où les sept saints sont enterrés.
Effectué de préférence le vendredi, le pélerinage – ziara – suit l’ordre suivant:
Mausolée de Sidi Youssef Ben Ali : Théologien touché par la lèpre ayant vécu dans une extrême pauvreté. Il fut inhumé à Bab Ghmat en 1196.
Mausolée de Sidi Ayyad Ben Moussa : Cadi de Grenade où il jugeait les affaires civiles et religieuses, il est le plus célèbre des doctes du malékisme en Occident musulman. Son ouvrage « AI-Chifaa » reste l’un des plus beaux hymnes d’amour pour le Prophète (sws). Exilé à Marrakech, il mourut en 1149 et fut enterré à Bab Aylan.
Mausolée de Sidi Bel Abbes Sebti : Prêcheur et contemporain d’Averroès, il mourut en 1205 et est inhumé à Bab El Khémis.
Mausolée de Sidi Ben Slimane El Jazouli : Fondateur du soufisme marocain au XVe siècle et auteur du célèbre recueil de prières Dala’il al-Khayrat. Décédé en 1465 à Afoughal, il fut inhumé à Essaouira. Son corps futtransféré à Marrakech en 1554 et enterré à proximité de la rue Dar-el-Glaoui.
Mausolée de Sidi Abdelaziz Tebbaâ : Principal disciple de Sidi Ben Slimane, il a propagé l’oeuvre de son maître dans les corporations d’artisans. Mort en 1508, il est enterré non loin de la Mosquée Ben Youssef.
Mausolée de Sidi Ben Abdallah El Ghazouani: Homme vertueux et penseur soufi, il est décédé en 1528 et est enterré à proximité de la mosquée Mouassine.
Mausolée de Sidi Souheil : Poète d’origine andalouse, il mourut en 1186. Son corps est inhumé près de Bab Robb.